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Paris sous les blogs.
27 mai 2010

Le pire est à venir.

Par le fenêtre, je vois un arbre, c'est le seul du quartier. En dessous, il y a des p'tits qui jouent et qu'on laisse jouer parce qu'ils ne savent pas encore comment ça marche ici. Quand je r'garde tout ça, je sais ce qui les attend et je sais aussi que rien ne peut faire que ça change. On a tout essayé, des éducateurs spécialisés à la police de proximité. Personne ne peut rien. Alors c'est les grands du quartier qui ont pris leurs tours de garde. Ils sont devenus les grands frères de tout l'monde et se partagent les p'tits. La famille, tu sais ce que c'est. Tout est là. Personne ne touche son grand frère. Et même si ça manque de sang, il y a bien assez tout autour pour sceller le pacte.

Ils ont beau ne pas savoir comment ça marche, et même ne pas pouvoir savoir, à huit ans ils ont l'air d'avoir déjà tout intégré. J'en ai croisé deux en train d'éclater un d'leurs potes. Même pas dix piges, aucun des trois. Quand j'suis passé, ils s'sont barrés. L'autre est venu me voir, la gueule un peu défaite genre ça passera vite, les yeux plein de larmes qui sortiront jamais. J'lui ai payé la clope qu'il demandait, il est parti en fumant, il est rentré dans sa cage. D'escalier.

Deux heures plus tard, j'ai croisé son frère : je devais le voir pour un truc. Le p'tit il trainait derrière lui, cette fois il s'en était mangé une, une vraie, ça avait bien marqué, ça faisait presque peur sur son visage tout rond. L'grand a raconté que son frère faisait n'importe quoi, qu'il l'avait choppé avec une cigarette et qu'il lui avait fait passé l'envie de fumer. L'autre, le p'tit souriait dans son dos, il m'a même fait un clin d'oeil au beurre noir, l'air de rien.

IAM chantait Petits frères sans avoir imaginé le jour où ceux qui voulaient grandir trop vite, aurait enfin grandit. Nous, on flippe, toujours et depuis toujours ; tous ces p'tits ont l'air d'être né sans peur. Ils regardent tous autour d'eux avec la même gueule narquoise, le même mépris du monde.

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